12 août 2010

Musique stupéfiante

Les gens ne manquent vraiment pas d’air. Entre les sons que seuls les jeunes peuvent entendre, et la musique supposée pouvoir avoir des effets similaires à la prise de stupéfiants, on va vraiment prêter toutes les propriétés aux sons ! J’adore l’idée : collez vous le baladeur sur les oreilles, balancer « Lsd_Effets_psychédéliques.mp3 » dans les tympans, et en voiture pour le monde des hallucinations, le tout sans risque chimique (pas d’absorption de substances douteuses), avec probablement une forte accoutumance. A quand une vente légale de musique planante sur les grands réseaux de distribution ? M’est avis que Apple pourrait alors se targuer d’être un défenseur des plaisirs virtuels à travers une vente de ces musiques.

Plaisanteries mises à part, l’idée a tout de même de quoi séduire. La détention, la consommation et la vente de produits stupéfiants est interdite. Mais comment mettre la main sur un trafiquant de morceaux ? En contrôlant tous les médias numériques, ce qui comprend aussi bien le baladeur à la pomme de tata Fernande, que la clé USB du petit dernier, ou encore le téléphone mobile de monsieur tout le monde. Et de là, il faut donc une compétence technique pour aller piocher dedans, vérifier chaque fichier, s’assurer qu’aucun ne contient la ou les fréquences susceptibles de nous envoyer dans le monde des rêves. Un boulot de fourmi, inabordable par les agents qui ont déjà de quoi faire par ailleurs. Bon, c’est caricatural, car c’est en partant du postulat que cela fonctionne réellement. Franchement, je crois que les grands réseaux criminels se régaleraient d’un tel concept : achetez des CD pour vous défoncer sans risque d’être pris en flagrant délit ! Et que dire des éventuelles retombées thérapeutiques, pour aider les malades à soulager la douleur, ou encore pour se substituer aux drogues dures, ou en cure pour les maladies mentales ? Ce serait la fin de bien des dépendances, la possibilité de soigner sans altérer le corps, bref, de jouer la « médecine douce ».

Si l’on regarde un tant soit peu le principe, il s’agit d’user des fréquences musicales pour en générer d’autres dans le cerveau. Sur le principe, cela semble intéressant, voire même facile, puisque, après tout, il suffit patiemment de coller un type à côté un haut parleur, et de balancer des gammes jusqu’à temps qu’il présente des réactions anormales. Pour l’instant, je n’ai ni vu, ni même entendu ces fameux morceaux, donc je me garderai bien de rejeter en bloc leur existence et leur fiabilité, mais permettez moi de faire preuve d’une perplexité tout à fait normale. De la musique pour planer ? Mais chacun de nous est différent, et, mis à part une injection d’un produit dont les effets sont réellement connus, je doute que la simple émission d’une fréquence déterminée puisse réellement semer un tel trouble dans le système interne du cerveau. Quoique : on voit bien des gens se mettre à hurler, se rouler par terre, des midinettes se mettre à pleurer, ceci pendant les concerts d’un groupe de rock gothique, ou un spectacle d’une star sexy et éphémère…

Mais cela ne semble pas être une plaisanterie pour autant. Nombre de médias abordent la question avec sérieux, et je pense que les systèmes de contrôle se posent des questions. Censurer de la musique ? A quel titre ? On différencie musique et drogues. Le média, le support ne peut pas être qualifié de drogue, seul le contenu le serait. Alors comment classer ces nouvelles opportunités de se démolir la tête ? Parmi les nouvelles molécules inconnues au bataillon ? En sachant que le mal (s’il existe) est déjà fait : la question fait le tour de la toile, les gens cherchent à savoir, si ce n’est à télécharger les fameux morceaux si sulfureux. Personnellement, je préfère éviter car, au mieux, c’est une arnaque, au pire, cela peut s’avérer tout aussi dangereux que la prise de vrais produits. Vous en doutez ? Pensez donc que si la façon d’opérer de ces ondes est réelle, cela veut dire que c’est notre corps qui produit alors les drogues supposées nous mettre en transe. Concrètement, c’est une altération sévère du fonctionnement chimique de notre boîte à gamberge ! Donc, à tout choisir... sans moi.

Enfin, et pour le moment, je crois que je peux dormir, et les douaniers aussi : ces études sont aussi vieilles que la notion d’enregistrement de la musique. Chacun a cherché à trouver des choses absurdes dans les disques (chants sataniques en passant un vinyle à l’envers, messages politiques dans les rimes d’un chanteur…), mais au final, rien n’a été prouvé d’autre que nous sommes tous sensibles à la musique, et que nous l’aimons parce qu’elle dépasse la simple réflexion. C’est sensoriel, inné, étrange, passionnant. Pourquoi aimer un chanteur plus qu’un autre ? Seuls nos sentiments, des choses dépassant complètement les notions de fréquence et d’analyse, nous dictent nos choix musicaux. Et c’est mieux ainsi... Imaginez une société qui se servirait des fréquences psychotropes pour nous amener à acheter des disques en masse.

Ce n’est pas comme cela qu’ils feraient pour réussir à vendre de la Star Ac’, par hasard ? Mais là je m’égare...

I-doser, la drogue musicale!(article en Français)
I-doser, le site officiel (en Anglais)
La sonnerie que les "vieux" ne peuvent pas entrendre! (article descriptif)

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