12 octobre 2010

Les bonnes pratiques de communication

Dans tous les domaines, la notion de communication s’est incrustée comme une tache de sauce de rôti sur un chemisier en soie. Mais contrairement aux lessives tant vantées dans les publicités destinées aux décérébrées supposées être la cible des annonceurs, la communication, une fois ancrée dans les mœurs de l’entreprise ou de la vie privée est quasi impossible à faire disparaître. A croire que le créateur des fondamentaux de la communication se serait inspiré du goudron, du rouge à lèvres, ou de toute saleté ayant la faculté de souiller définitivement nos vêtements. Et pourtant, nous savons tous que communiquer est le fondamental même de nos sociétés et même du progrès humain. En effet, c’est le langage qui, à mon sens, a permis la fondation de civilisations. Alors, pourquoi suis-je si critique contre ce même fondamental ?

Tout d’abord, j’ai en horreur le concept de communication en entreprise. Appliquée à outrance, la « comm’ » a le don de m’horripiler tant par le fond que par la forme. Tous, nous subissons l’obligation d’en savoir plus sur la société, notre structure administrative, ou sur qui est notre directeur (qu’on ne verra jamais ailleurs qu’en photo ou, au mieux, sur une scène où il se lancera dans des discours abscons pétris par des anglicismes ridicules tels que « cost-center », « productivity » ou encore les « call conferencies » et autres débilités du genre). Dans ces conditions, des journaux de propagande sont distribués, des fortunes sont distribuées en affichages et autres changements de logo, tout ceci pour faire croire que l’entreprise est rigoureuse et bien organisée. Hé, les ahuris, et si vous preniez le temps de discuter avec les larbins pour leur demander ce qu’il se passe réellement en bas, alors peut-être sauriez vous comment produit votre structure ! Et que dire des clichés sur les plaquettes ? Qui sont ces tronches de premier de la classe qu’on met dessus ? Certainement pas des employés, car personnellement, je n’ai jamais croisé aucun de ces mannequins ! Ils se foutent de nous, et ça les fait marrer. Et le pire, c’est que personne n’est dupe ! Le client, tout comme le salarié, chacun sait qu’il s’agit d’une imagerie qui fait « sérieux » (et encore), mais que ce boulot de communication n’a guère de rapport avec le fond.
Je ne suis pas contre de la communication, c’est tout le contraire. J’estime que les gens doivent échanger, partager et s’enrichir mutuellement, de manière à ce que tous nous progressions. Seulement, le souci fondamental est que tout ceci s’avère organisé par des branques qui ne connaissent que le concept de cliché, et certainement pas le terrain. C’est d’ailleurs un des paradoxes : ceux qui parlent le plus sont généralement ceux qui connaissent le moins le sujet. Quoique, il existe d’autres professions dans le même genre, comme les politiciens, les statisticiens, ou encore les journalistes, mais là je pousserais trop loin le sujet. Revenons donc à nos moutons... La communication interne est donc un désastre parce qu’elle ne parle jamais à la bonne personne, ou pire encore, elle ne parle jamais des sujets dont tout le monde voudrait être informé.

Il y a un autre monde qui est littéralement vérolé par le besoin de communiquer, et c’est celui des blogs. C’est un monde impitoyable, où chacun semble vouloir se faire une place. Comme si être présent sur un créneau pouvait représenter quoi que ce soit d’autre qu’une gloriole temporaire ! Bon, je peux saisir l’idée si certains recherchent au-delà de cet aspect, comme par exemple réussir, à terme, à tirer des revenus de leur site (publicité, sponsors...), mais pour les autres, à quoi bon ? Toute la richesse d’un blog, c’est d’avoir une opinion et de la revendiquer, pas de se faire le chantre des idées des autres, ou de les copier sans esprit. Il y a même une population de fainéants et de margoulins qui vont jusqu’à s’approprier les écrits des autres. Déjà, voler du texte, c’est faire preuve d’une incompétence crasse, et d’autre part, si quelqu’un a le malheur de poser une question sur le sujet traité, m’est avis que le résultat ne saurait être bon pour le sagouin de pseudo auteur !
Le second aspect des blogs est celui d’user et abuser de stratégies connues pour être visible : bombarder d’autres sites avec le lien vers soi, intervenir à tort et à travers, tout en glissant ce même lien, ou encore en utilisant des thématiques éculées. Vous voulez faire exploser vos compteurs de passage ? Ajoutez tout ce qui a trait à la pornographie comme « clés » d’archivage, n’hésitez pas à afficher des dizaines d’images dont vous n’êtes pas le propriétaire, et enfin ne faites surtout pas polémique pour rien. Mordre dans le gâteau qu’est la « blogosphère », c’est avant tout goûter à un cake moisi, car celui qui sera le plus visité aura le titre de « leader », et ceci que ses idées/textes/opinions soient bonnes ou pas. De ce fait, pour attirer des lecteurs potentiels mais temporaires, rien ne vaut une bonne diatribe contre le système, car, une fois le soufflé retombé, ceux qui seront venus vous insulter pour vos critiques disparaîtront aussi vite qu’ils sont apparus. Rien de perdu pourtant : vos statistiques démontreront que vous êtes lu, et c’est ce qui semble être essentiel.
Le troisième aspect est financier. Nombre de sites se laissent aller à jouer du sponsoring, mais de manière totalement hypocrite. En effet, nous utilisons de plus en plus les tests et les avis du web pour faire nos achats importants, et nous nous « fions » à l’avis général. Les marques, ayant saisies la balle au bond, fournissent dorénavant des produits aux auteurs de blogs, avec pour consigne à peine cachée d’encenser de manière crédible le produit en question. Certains sont honnêtes et affichent clairement le fait que l’article est sponsorisé, mais beaucoup d’autres taisent cette arnaque, de sorte à ce que le sponsor soit encore un peu plus flatté. La méthode, aussi lamentable que dangereuse, mène nombre de chalands à acquérir des produits pas forcément de moindre qualité, mais sur la foi d’articles biaisés.
Le dernier aspect des blogs aujourd’hui est qu’ils servent souvent d’orientation dans énormément de domaines. Vous voulez trouver un restaurant sympa à Paris ? Un blog saura vous démontrer, essai à l’appui, que telle ou telle adresse est valable. Vous voulez acheter un caméscope ? Un blog vous fera un test, vidéo à l’appui, de manière à ce que vous pouviez juger sur pièce (si j’ose dire). Mais il y a un point commun atroce et insupportable : la plupart de ces tests sont au mieux incomplets, au pire insupportables. Je me fous complètement de la sortie de boite d’un téléphone (c’est la mode de l’ « unboxing » où l’on ne montre QUE la sortie du produit de son emballage !), je veux des informations utiles ! Si je regarde une vidéo, je désire qu’elle soit bien réalisée, pas tournée par un parkinsonien avec une prise son digne de mes pires vidéos au collège quand je découvrais l’usage de la VHS. Si l’on veut faire de l’audio ou de la vidéo, on se donne les moyens de bien faire, car le web ne pardonne pas. Ce qui ajoute encore à l’agacement, c’est le nombre de commentaires « gentils » qui ne visent qu’à attirer l’auteur vers un autre blog (publicité déguisée déjà expliquée plus haut), ou alors rédigés par des amis qui ne veulent pas froisser. Si c’est pourri... Dites le bordel !

Pour conclure, la communication passe tant par le contenant que le contenu : nombre de sites usent et abusent de chartes très jolies, mais dont le contenu laisse franchement à désirer. L’excès inverse est tout aussi pénalisant : je ne lirai pas un blog, si bien rédigé soit-il, s’il est écrit en rose sur fond vert. Notez aussi que la sobriété n’est pas une erreur, c’est même un confort. Je suis un lecteur assidu de sebsauvage.net (voir dans les liens à gauche), car justement la charte graphique est plus que suffisante, et la mise en page est un vrai confort. Je n’aime pas plus le désert que la jungle, donc automatiquement, les abus me gavent.

Arrêtons de communiquer pour communiquer, faisons le pour nous enrichir !

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