18 octobre 2010

Maudissez votre barbe

Ah les hommes, ces primates qui se supposent supérieurs parce qu’ils vouent un véritable culte démesuré et stupide à ce qu’ils osent appeler civilisation ! Ces imbéciles, pétris dans la conviction ignare qu’une vie ne peut pas s’envisager téléphone portable et sans la détention d’un véhicule à quatre roues, persistent encore à croire qu’il faut modifier les aspects physiques inhérents à sa condition d’héritier génétique (supposé) du singe pour être heureux. Abrutis que nous sommes, mâles monomaniaques du déodorant, du gel douche et du shampoing aux œufs, les cosmétiques ne sont qu’un moyen pour rassurer et nous différencier de l’animal ! Hé oui, sentir bon, c’est une façon d’affirmer haut et fort « non, je ne sens pas la bête fauve revenue d’un sprint derrière une gazelle qui d’ailleurs s’est fait la malle ».

Mes amis, messieurs, notre sort n’est guère plus enviable à celui des femmes finalement. Elles, ce sont le gambettes, et voire plus encore, qu’elles doivent passer sous le fil du rasoir pour prétendre à une pseudo beauté. Les jambes, pourtant, ça se camoufle aisément sous le jean, le pantalon, que sais-je encore, la mode n’étant pas avare en artifices textiles. Mais nous, idiots simiesques dont les joues, le menton et le sous blase s’ornent d’un dru et insupportable duvet, nous sommes condamnés par les esthètes de la mode, et accessoirement nos employeurs/clients/promises (inutile de rayer quoi que ce soit, les trois se mettent d’accord sur ce point clé de notre présentation) à nous raser aussi régulièrement que possible. Que du bonheur : il faut donc, à les écouter, passer une ou plusieurs lames effilées sur ces zones de notre face, de manière à faire disparaître temporairement une pilosité pourtant naturelle. Si ça, ce n’est pas du sadisme...

Tous les hommes connaissent ce rituel débile des matins « céphalorectaliques », cette obligation d’être correctement éveillé pour se mettre à tondre nos poils, alors que, justement, le matin est plus propice aux bâillements et autres étirements à répétition. Alors, cela commence par la mise en condition avec de l’eau chaude, puis l’étalement gras et insupportable d’un produit quelconque supposé vous offrir une couche protectrice. Foutaises ! Cette mousse, ce savon à barbe, c’est histoire de voir où vous passez votre rasoir mécanique, pas pour préserver votre derme du scalpel qui glisse à quelques microns de lui. Sensation désagréable s’il en est, il ne faut, au surplus, surtout pas trembler, sous peine de ressembler à un plan de lignes de métro où toutes les voies seraient représentées en rouge vif. Merci au crétin qui a inventé cette saleté d’ailleurs, car le rasoir manuel est à lui seul une arme ! Quel homme ne s’est jamais épluché la tronche telle une patate avant le bain fatal dans l’huile ? Quel mâle n’a pas vertement insulté Bic/Wilkinson/Dieu sait quelle autre marque pour la qualité infâme de son produit ? Je hais les rasoirs, presque autant que les femmes doivent haïr la cire pour les jambes.

Tant que ce sont des surfaces planes ou presque, cela peut aller, mais avez-vous déjà vu un visage en deux dimensions en dehors des affiches de tabloïd ? Me concernant, j’ai un visage où les arrondis prennent plus part au dessin que les lignes, ce qui a pour conséquence directe d’offrir un terrain fertile aux coupures et autres décapages épidermique. Comble de joyeuseté, il y a cette foutue zone dite du « ramasse-miettes » qui est logée entre le blase et la lippe supérieure, cette foutue petite surface qui nécessite des trésors de patience et de précaution. Encore un peu, glisse douuuu... Et merde ! Vite, le stick hémostatique, on pose, et AIEEUUUHHH ça pique cette connerie ! D’autres, moins héroïques, usent du papier toilette taillé en petits carrés fort esthétiques au sortit de la salle de bains. Magnifique, j’ai la silhouette d’un Botero mal fait, et maintenant j’ajoute à cela un faciès à la Arlequin ! Quelle plaie !

Finition ultime, on colle un baume quelconque pour soulager la peau, pour la détendre. Ca aussi, quelle arnaque. Le but, ce n’est pas de relaxer la peau, c’est de brûler tout l’épiderme de sorte à oublier la morsure des coupures du rasage, et donc vous faire croire que vous venez de laisser votre visage tout entier dans l’évier. Salopards ! Merci, mais très peu pour moi. Allez, on tente le rasoir électrique. L’homme veut être moderne ? Alors essayons la modernité, offrons à ma trogne l’outil adapté à mon statut d’être humain ayant l’électricité à son domicile. Mieux que tout, la bête fonctionne aussi sur batterie ! Même plus de fil à la patte ! Ouais ! Vrombissement inquiétant, vibration peu engageante, tentons tout de m... Rhaaa cette saloperie ne coupe pas, elle arrache poil à poil ! Enfoirés ! Vous voulez imaginer la douleur engendrée par ce bidule ? C’est assez simple en fait : envisagez qu’un sadique se soit pourvu d’une caisse d’épingles de couturier, et qu’il ait décrété qu’il pouvait en planter un bon millier au centimètre carré sur votre peau, puis, qu’au bout d’une bonne semaine de cicatrisation, il s’amuse à les enlever par paquets de cent. Sadiques ! Margoulins ! Ordures ! Je fais quoi là ? J’ai la face moitié épilée, l’autre encore couverte d’une barbe naissante. Pour un peu, d’un côté je pourrais passer pour le père noël, de l’autre pour un bagnard eu égard à mes cheveux courts....

MODE, JE TE HAIS !

Aucun commentaire: