28 décembre 2010

Nationalisme

Il m’est déjà arrivé d’aborder des questions politiques, historiques, voire même religieuses, mais je ne me suis que très rarement attaqué à des montagnes telles que le nationalisme. Chose difficile s’il en est, le sentiment « national » a une connotation des plus négative en France, notamment depuis que l’extrême droite comme le FN s’est emparé de nombre des sentiments qui sont le fondement du nationalisme. En effet, loin des clichés tels que le nazisme ou le fascisme, le nationalisme est malheureusement un terreau fertile pour les opinions les plus dangereuses, notamment celles qui mènent au totalitarisme et à la dictature. Il est donc délicat d’en parler sans risquer de dériver, voire de perdre le fil et donc d’être mal compris, ou tout du moins perçu comme quelqu’un de douteux. Pourtant, le sentiment nationaliste n’est pas nécessairement nauséabond, et encore moins nocif, surtout s’il s’appuie sur le bon sens et une certaine compréhension dépassant les frontières de son propre pays.

Tout d’abord, à mon sens, le nationalisme est un besoin identitaire. On ne saurait restreindre ce besoin à de vulgaires opinions racistes ou xénophobes, car dans une certaine mesure, ce n’est pas la pluralité ethnique qui différencie le nationaliste des autres, mais avant tout une forme de reconnaissance personnelle derrière une entité supérieure, celle d’une nation, celle d’un pays uni. En conséquence, le nationalisme ne saurait pas être aisément associé aux mouvements tels que le nazisme. Par contre, ses déviances sont évidentes, car il suffit de se demander « qu’est-ce qu’une personne qui fait partie de la nation » pour y faire un tri ethnique, ou encore religieux. Même les pays ayant une forte mixité ethnique peut avoir des mouvements qui revendiquent une suprématie quelconque, s’adossant à des ères de l’histoire, ou encore à des considérations politiques et/ou culturelles. Donc, s’identifier comme nationaliste, cela n’exclue pas une autre ethnie, pas plus que cela véhicule nécessairement une haine d’un étranger, quel qu’il soit.

De là, le nationalisme revêt un aspect dangereux quand il est confronté à des problématiques maintes fois exploitées par les chantres du fascisme : immigration, non intégration d’ethnies non historiques, ou encore haine viscérale d’un voisin suite à une guerre passée par exemple. Entre nationalisme et patriotisme, c’est la « préférence nationale » qui est le différentiel. En effet, le nationalisme aura pour principale action d’estimer plus efficace une personne du territoire qu’une personne provenant de l’étranger, et ce pour des raisons culturelles, linguistiques, ou juste d’assimilation sociale. Fondamentalement, difficile de dire que l’idée soit saugrenue, car il est élémentaire de dire qu’une personne intégrée est plus propice à être efficace dans la société, qu’une autre qui ne parle pas la langue, ou bien qui ne connaît pas les us et coutumes locales. De là, deux écoles s’opposent : celle qui incitera, à travers de l’éducation, les « étrangers » à faire parti du socle social, ceci en les faisant entrer dans un moule formaté par le pays, et la seconde qui repoussera toute forme d’intégration, estimant de fait que la différence est mieux dehors que dedans.

Concrètement, alors quoi penser du nationalisme ? La fibre patriotique n’est pas mauvaise. Au contraire, j’estime qu’elle est une nécessité en cette époque. Savoir qui l’on est, d’où l’on vient, cela se révèle être une force intellectuelle et morale. C’est par ailleurs une problématique connue dans nombre de banlieues, où l’absence de prise en compte de la jeunesse, de la mixité culturelle, ont eu pour conséquence une absence chronique de reconnaissance de la jeunesse dans l’état. On peut effectivement suggérer qu’en réponse à cette défection de l’état les uns se sont reconnus dans la religion, et donc dans le communautarisme, et à l’autre bout du spectre des croyances, dans une politique nationaliste forte. Le discours sécuritaire a alors des échos favorables dans les mouvements nationalistes, eu égard à la menace potentielle des services de police contre ce qu’ils appellent « la racaille ». Le risque est alors grand qu’une forme étrange de fascisme soit revendiquée, ceci pour contrer une influence grandissante d’une population en marge des clichés sociaux déjà périmés.

Et moi ? Je me pose parfois la question. Je me crois patriote, et légaliste, au titre que j’ai une forte conviction que c’est par la loi et l’éducation et l’ordre que nous pouvons faire s’entendre des gens différents. Je n’ai aucune confiance en celles et ceux qui pensent que la couleur de peau ou la foi font une différence. J’ai d’ailleurs pour eux un profond mépris, parce qu’ils oublient un peu qu’en pressant les gens à être des parias, on en fait des gens agressifs, qui se débrouilleront comme ils pourront. La pauvreté, la promiscuité des cités, l’absence de repères, tout ceci fournit des raisons à la violence, à la haine des symboles de l’état, ainsi qu’à une recherche d’une identité, hors du système. Je suis profondément outré quand on me parle de discrimination positive, car celle-ci est forcément négative pour quelqu’un. Je suis profondément en colère quand on me demande de choisir un camp. Je suis nationaliste car je crois en la nation, souveraine, unie derrière des symboles comme le courage de celles et ceux tombés pour le drapeau, mais je ne suis pas le nationaliste qui pense qu’un « Français » est meilleur qu’un étranger. L’étranger d’hier, c’est le Français de demain, et j’espère que nous saurons inculquer aux prochaines générations que ce n’est pas la différence la menace, mais la peur de la différence. Le patriotisme est en berne depuis deux bonnes décennies, et le nationalisme, lui, s’est nourri de cette décrépitude. Charge à chacun de rappeler que la République doit s’appuyer sur les forces vives du pays, et cela signifie tous ceux qui font en sorte que la France soit un pays riche, fort, où l’identité nationale, c’est celle de respecter autrui et l’état.

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