22 février 2011

K-PAX

Bien que terriblement occupé par mon activité de bidouilleur informatique, je me dois de vous inviter à regarder un film particulièrement intéressant nommé « K-Pax ». Là où cela devient difficile pour moi, c’est de parler de ce film sans en éventer le scénario, car, dans l’absolu, je suppose que la majorité d’entre vous n’a pas eu le plaisir d’assister à ce beau morceau de cinéma. De fait, je me contenterai d’aborder l’histoire de manière très générale, afin qu’ensuite je puisse attaquer le pourquoi de cette chronique. En effet, je n’ai pas envie d’encenser le film (bien qu’il le mérite vraiment), mais plus de m’intéresser aux réflexions profondes qu’il a provoqué en moi.

Tout d’abord, passons un peu de temps sur le scénario : un homme, semblant errer dans une gare ferroviaire de New York, est arrêté par la police. Sans papier, sans identité, le personnage apparemment un peu « dérangé » prétend être un extraterrestre venant de la planète K-Pax. Non content de cela, celui-ci en apporte un certain nombre de preuves étranges, comme une connaissance astronomique telle que peu de gens dans le monde sont susceptibles de le comprendre, ou encore un métabolisme qui est visiblement insensible aux drogues que les médecins de l’asile lui font ingérer. Est-il réellement ce qu’il prétend être, ou est-ce simplement un des meilleurs mythomane que le monde ait porté ? Tout le fond du problème provient donc d’un doute raisonnable, d’un comportement apparemment décalé mais profondément humain de cet inconnu, et surtout de sa vision sur l’humanité qui nous écorche sans complaisance, voire même un peu de condescendance (vu que nous sommes arriérés par rapport à sa planète).

Maintenant que le jalon de l’histoire est posé, demandons nous un certain nombre de choses essentielles. La toute première est assez simple dans l’absolu, à savoir si nous autres humains, nous serions capables d’accepter qu’un être venant d’ailleurs puisse prendre notre apparence, pour ensuite venir nous voir de l’intérieur, juste comme ça, pour la balade. Nous serions au mieux sceptiques, au pire incrédules, car, finalement, nous n’aurions pas la capacité d’appréhender qu’une intelligence supérieure puisse changer de forme rien que pour nous « saluer ». L’homme est ainsi fait qu’il se croit unique, une œuvre immortelle d’un Dieu quelconque, personnage central de l’existence même de la pensée universelle. Or, comme je l’ai déjà mentionné dans un autre message, rien ne prouve que nous soyons seuls (pas plus que le contraire d’ailleurs). Dans ces conditions, notre incapacité à comprendre au-delà de nos petites connaissances étriquées sera probablement si perturbante que nous n’accepterons pas d’y croire.

Le second aspect révélateur de ce film est, à mon sens, quelques mentions sur notre société humaine. Tout d’abord, quelques explications aussi brèves que lapidaires viennent détruire notre conception de la société. En effet, K-PAX est décrit comme un monde sans loi, sans chef, sans violence, sans dictature ni haine. Selon notre extraterrestre, « la quasi-totalité de l’univers a compris que la violence et le pouvoir n’ont aucun sens », et c’est une vérité universelle. Alors, pourquoi s’entête-t-on à choisir des chefs, à devoir disposer d’une armée, de la police ? Parce que l’homme est à un point si bas de l’échelle de l’évolution qu’elle n’a pas encore compris la vacuité de ces principes. L’autre pendant de cette analyse repose sur l’absence totale de la notion de famille. Notre monde est régi par le concept de « famille », à savoir de gestion de l’éducation des enfants par leurs parents, tout comme la mise en œuvre d’une hiérarchie sociale fondée sur les ancêtres. K-PAX s’est, semblerait-il, affranchi de cette problématique, car tout à chacun se doit de gérer la société, à savoir qu’il n’y a pas distinction entre les descendants des uns et des autres. On peut donc parler d’éducation communautaire, d’évolution des mœurs propre à endiguer tout racisme, toute problématique de « richesse personnelle », au profit d’une richesse collective. L’idée est aussi séduisante que dérangeante, et cela ne fait qu’ajouter à notre image d’attardés profonds.

Le dernier volet de la réflexion porte plus sur l’introspection que nous devrions tous faire. Dans quelle mesure sommes-nous capables de comprendre la différence ? En admettant que l’extraterrestre ne soit qu’un affabulateur, celui-ci se révèlerait donc être un doux rêveur, un chantre du progrès social et moral, mais sans les bouleversements qu’ont tendance à revendiquer les progressistes. Nous sommes plus enclins à démolir le présent pour construire un avenir fantasmé, alors qu’il faut peut-être simplement faire admettre à tous, sans violence ni agressivité, que le progrès passe par chacun de nous. Qu’importe la différence, que cet homme soit un extraterrestre ou non, car son message est autrement plus grand : l’homme ne peut que progresser, car il n’est pas encore suffisamment évolué pour abandonner ses vieux démons. Haine, richesse, violence, xénophobie, nous sommes tous prisonniers de cette enclave morale et matérialiste, à tel point que nous arrivons même à cautionner la violence que ces idées engendrent. Je suis particulièrement séduit par l’idée qu’une société pourrait oublier le pouvoir, que les gens pourraient partager et gérer en commun tant la connaissance que l’éducation. Je rêverais même, pourquoi pas, d’un monde qui saurait enfin prôner l’intérêt commun, au lieu de prôner l’intérêt individuel. Charge à vous de rêver, non ?

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