08 février 2011

Les aventuriers

Par essence, les aventuriers sont des personnes fortes, que ce soit physiquement ou moralement. On leur prête des qualités fortes comme la franchise, l’honnêteté ou le courage, et pardessus le marché, ils vivent des aventures extraordinaires. Typiquement, Indiana Jones est l’archétype de l’aventurier qui, bien qu’il soit en fin de compte un vulgaire pilleur de tombes, se révèle pétri de bonnes intentions. Mais franchement, je trouve particulièrement agaçant ces gens trop lisses, trop propres sur eux, et qui pardessus le marché s’offrent le luxe de vous faire la leçon. Ah ça, pour vous fourguer du bon sentiment par boites de douze, ça sait y faire, mais pour être simplement veule, cupide, humain quoi, il n’y a plus personne !

Je ne connais pas d’aventurier au sens cinématographique du terme. Tous, nous avons de petits travers qui vont de l’anodin entêtement, jusqu’à l’insupportable tendance à mentir sans arrêt, ce qui en soi met à mal toute velléité d’être un aventurier. Pire encore, l’homme ordinaire n’ira certainement pas risquer sa couenne pour une « aventure » sans certitude, ni pour une cause aussi douteuse qu’improbable. Il y a bien quelques illuminés qui arpentent le monde en quête d’extraterrestres, des cinglés qui confondent fouilles sauvages et archéologie, ou encore deux ou trois tarés qui se supposent aventureux les fesses bien confortablement posées sur un deux roues hors de prix. Et puis, la plupart ne sont pas des aventuriers, tout au plus des gens en quête d’un accomplissement très personnel, ou éventuellement financier.

Au-delà de ça, l’aventure est une chose difficile à définir. C’est quoi, partir à l’aventure ? Laisser sa carte bleue sur la table, prendre un sac à dos et déambuler sans but sur les routes du monde ? Peu sont réellement enclin à comprendre ce qu’est la spiritualité, si ce n’est pour ensuite toucher un subside issu de la vente des photos et autres vidéos du trajet. Aussi méchant que cela puisse paraître, ceux qui sont réellement « aventuriers » sont finalement des anonymes, des gens qui ne se targuent pas de leurs actes. Ils agissent, et c’est déjà pas mal. Le marin qui affronte la mer chaque jour, le pompier qui risque sa peau dans les brasiers, ou encore le pilote de ligne qui sauve son avion en perdition, ça, ce sont des aventuriers au sens noble du terme. Là encore, j’aimerais en croiser un, histoire de lui serrer la main pour le remercier d’avoir fait montre de courage.

L’aventure, c’est la vie, en tout cas j’en suis convaincu. Il faut avoir vécu quelque chose pour pouvoir le raconter à titre personnel, il faut avoir traversé des épreuves pour en avoir tiré des leçons utiles. Les philosophes ne se sont pas privés pour nous expliquer que le chemin devant nous reste toujours obscur, et que l’expérience est une lanterne qui ne fait qu’éclairer le chemin parcouru. En ce sens, nous sommes trop peu nombreux à accepter que nous ne sommes que des mal voyants cherchant la meilleure route à prendre dans une plaine saisie par la brume. Malheureusement, l’erreur étant humaine, nous choisissons souvent la mauvaise route, et ce en toute bonne foi. Quelques soient ces choix, j’estime qu’il est plus important d’avancer que de rester là, à regarder les caravanes passer sans nous. C’est là que sont les vrais aventuriers, ceux qui avancent, ceux qui tracent un chemin qui leur est propre, pas ceux qui se contentent de regarder et de critiquer les autres. Nous en connaissons tous, ces conseillers jamais payeurs, ces « j’ai tout vu » qui, au fond, ne font que fantasmer sur le vécu des autres. Dommage qu’ils ne comprennent pas qu’en restant là, attentistes inutiles, ils ne font que légitimer les doutes fondés sur leurs expériences propres.

J’ai envie de dire que celui vit a choisi le bon chemin. Les errements intermédiaires ne sont là que pour écrire l’Histoire, avec au milieu nos histoires, ces minuscules digressions dans le temps, ces étranges lignes qui se mêlent, se nouent et se dénouent, au gré du hasard. Je ne suis pas plus aventurier qu’un autre, je ne crois pas avoir choisi des routes qui me mènent à Katmandou ou à La Paz, j’avance, et c’est déjà pas si mal, finalement. « On verra » est bien plus le propos d’un véritable aventurier, que le « J’ai déjà vu »… Alors, nous verrons !

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