28 juin 2011

Populisme exacerbé

J’ai beau ne pas apprécier l’attitude générale de nombre de journalistes, je dois concéder que je me renseigne souvent auprès des organes de presse à travers le net, tant parce qu’il est plus simple de consulter une page déjà alimentée que d’aller soi-même à la pêche hasardeuse aux informations. De fait, quand je clique sur un des liens et que je m’attarde sur un texte, j’en tire parfois quelques enseignements, ou alors je relate les mêmes faits en citant, bien entendu, ma source. Malheureusement, je constate également un phénomène insidieux et dangereux qui tourne autour de deux actes : le populisme de masse et la création d’un climat d’insécurité permanente.

Dans un premier temps, je me suis simplement inquiété du fait que nombre de faits divers, si tristes soient-ils, se retrouvaient en tête de liste des évènements du jour, ceci au détriment notable d’évènements mondiaux au moins aussi importants. Ca ne remettait pas en cause les drames sociaux et familiaux relatés dans ces histoires, mais cela me causait une désagréable impression qu’on substituait à l’information le sensationnalisme des pires feuilles de choux de la place ! Par la suite, j’ai observé une dérive malsaine menant carrément au sensationnel, au voyeurisme le plus glauque. On me dira que je suis méchant et cruel, mais prenons ces derniers jours… Sur quoi tourne l’actualité ? Sur l’agression d’une gamine de 13 ans par un préadolescent à peine plus âgé, entraînant la mort de la première. Dramatique, triste, insoutenable, cette violence est évidemment inacceptable, mais est-ce une raison pour qu’on ait le droit à un reportage QUOTIDIEN, et même (comble de la folie médiatique) à un reportage plus poussé de dix bonnes minutes dimanche sur TF1 ? A ce que je sache, la situation semble relativement claire, et il y a des tribunaux pour faire la lumière sur ce qu’il s’est vraiment passé, et pas à la foule d’être matraquée par ce carnage social !

Que penser de l’acharnement à parler des cités dans les pires termes possibles ? Oui, Sevran n’est pas les beaux quartiers de Neuilly, pas plus que Neuilly n’est aussi gangrené par la violence que pouvait l’être Sarcelles, mais n’est-ce pas là un travail de fond à faire avec les élus et les forces de l’ordre, plutôt qu’un gagne-pain pour les journalistes en quête de frayeur chez les petits vieux campagnards. Quoi de mieux pour éveiller le vote sécuritaire et la xénophobie ? J’ai en horreur cette façon de faire, d’autant plus quand elle classe tout le monde dans le même panier, sans même se préoccuper si, par malheur, ce ne sont pas les habitants des dits quartiers qui souffrent en premier de la situation. « Facile hein, ce sont tous ou presque des immigrés, donc c’est leur faute. ». Ca fait bien dans une brève de comptoir, moi, personnellement, ça me donne franchement la nausée. Enfin bref, observer un tel désastre n’est pas difficile en soi.

Dorénavant, la logique des grands porteurs de médias et d’information est de rendre les gens plus stupides qu’ils ne le sont… Ou bien s’adresseraient-ils à ce que nous sommes vraiment, à savoir des idiots qui n’attendent qu’une opportunité pour s’abêtir et se vautrer dans la bêtise la plus crasse ? Regardez donc attentivement le menu coulissant en plein milieu de la page d’accueil de yahoo, et frémissez :
L'Accueil sur yahoo.Fr

Un truc fou : les choses mises en avant (au moment de la rédaction de cet article) sont :

On voit quoi ? « Qu’est devenue Sabrina ? » (si, vous savez, la donzelle qui a séduit non par sa voix mais par ses seins), « l’assiette pour ne pas grossir », « Euro millions ce soir », et « Epargnez sans effort » !
Donc comprendre :
Sabrina : les hommes sont des obsédés
L’assiette pour ne pas grossir : les femmes et les hommes doivent forcément maigrir pour la plage
Euro millions : tas de fauchés, vous n’avez pas de fric, allez dépenser les derniers sous qu’il vous reste dans une loterie. Ce n’est pas nourrissant, l’espoir, mais ça maintient en vie il paraît.
Epargnez sans effort : ben tiens, tu es au chômage, tu as du mal à joindre les deux bouts, mais on va t’expliquer comment filer tes rares économies à des escrocs capables de te vendre des taux d’intérêts improbables.

On nous prend vraiment pour des cons là, non ? Et le pire, c’est que les informations importantes, celles de notre monde, sont en dessous, mais sans la moindre mise en avant esthétique. Comme quoi, la cible que nous sommes est bien celle des cons passionnés par le ridicule et le superfétatoire. A part ça, tout va bien dans le meilleur des mondes…

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