01 septembre 2011

Les valseuses

Non, je ne pense pas le moins du monde à ce film pourtant culte, mais plus à ces danseurs et danseuses que sont devenus les responsables de la justice de par le monde. Autant, l’aspect de la « justice aveugle » peut sembler être une bonne idée, autant l’on peut constater avec regret qu’il s’agit là d’un vœu pieu. Hé oui, d’aveugle, elle serait plus borgne et ivre dans nombre de nations ! Regardez bien, vous qui avez des yeux par paires pour me lire, mais surtout pour scruter le monde qui vous entoure : la justice, c’est comme le couscous, on le voudrait toujours royal et c’est généralement juste la semoule qui vous est gracieusement servie…

Prenons une affaire aussi pathétique que politisée à mort : DSK. Je ne peux guère revenir sur le fond, mais je reviens avec une certaine ironie sur la forme. Entre les déclarations des uns et des autres, et une hypertrophie des médias sur le sujet, il y a de quoi rire jaune ! Cela relève plus d’une comédie surjouée, d’un mauvais Faydeau (ça existe ?) avec des acteurs incompétents, que d’un suivi judiciaire d’une tentative supposée de viol. Je sais, certains sont là à dire que la justice a été achetée, corrompue, que le juge est un vendu et j’en passes ; à l’opposé, d’autres parlent d’une décision légitime et d’une plainte complètement factice faite pour briser DSK. Vous voulez savoir ? Je m’en fous, un peu comme se moquent les poissons d’un rocher artificiel dans un aquarium. Ce qui m’intéresse, ce n’est plus tant qu’il ait été jugé innocent, mais plus que tout ceci tient vraiment d’un carnage légal, et que l’argent, maître des danseuses de luxe, est la seule et unique réponse qui fut propre à faire basculer la balance de la justice. Toujours aveugle et juste ? Je la vois plus comme ayant senti la masse des billets sur un des plateaux, et ce qu’il y ait eu innocence ou culpabilité. Quand les débat sont sabotés, qu’importe la réalité, seule la décision l’emporte.

On va dire qu’il s’agit là des USA, et que nous ne connaissons pas vraiment cela en France. Soit. La justice n’est pas forcément pire ici, mais tout de même, trouvez-vous logique que le secret de l’instruction soit devenu une simple idée ? En théorie, rien n’est supposé filtrer lors d’une enquête, et cela pour protéger toutes les parties. Là, on constate que les « fuites » sont nombreuses, et que les grattes-papiers s’en gavent sans hésitation. A qui la faute ? Est-ce que ceux qui parlent sont payés pour cela, agissent-ils pour saboter les enquêtes, ou sont-ils bêtement des candides écervelés ? Je ne sais pas quoi en penser, en tout cas la justice semble alors danser la carmagnole, bondissant comme un cabri sur les cendre de ses propres fondamentaux. Cela terrifie d’autant plus que chacun de nous, oui tous autant que nous sommes, pouvons un jour être amené à venir témoigner, ou être mis en accusation. Bonjour la vie privée une fois sa tronche étalée dans les journaux, parce qu’un imbécile a eu le malheur de « vendre la mèche » !

Je suis un légaliste, et comme le dit très justement mon ami Thoraval « Le droit, c’est le fondamental sur lequel doit reposer une société ». Cela sous-entend que le droit, et donc les lois, doivent protéger tout le monde, sans regarder à la nationalité, la religion ou la couleur de peau. Hélas, quand les médias s’emparent de la justice, et que celle-ci joue les valseuses de luxe, nous avons le droit à un Outreau de sinistre mémoire, à des accusés bidons maltraités par les tribunaux et les médias, et des familles qui, malgré une décision de justice les innocentant, vivent un calvaire car le doute est dorénavant ancré chez les autres. Justice, toi qui portes un bandeau pour ne pas prendre de décision hâtive, pourquoi acceptes-tu qu’on te fasse regarder ceux que tu juges ? C’est en ça que notre justice est maintenant une valseuse : elle danse selon le cavalier qui la prend dans ses bras, que le danseur soit la richesse, la politique, ou la médiatisation (ce qui, en soi, revient quelque peu au même dans le fond).

Allez, fais nous plaisir, cesse de te dandiner sur la piste, et reviens à tes fondamentaux : donner les mêmes droits à tous, juger avec respect et bon sens, et surtout ne plus jamais céder à la facilité d’offrir à la rue la possibilité de dire qui est coupable, et qui est innocent.

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