07 septembre 2011

Publicité

A en croire les campagnes d’affichage destinées « à nous, les hommes », nous serions tous des types maigrelets, au physique improbable, à l’allure androgyne, et qui, au surplus, seraient des amateurs de soins de la peau/cheveux. Seigneur, pardonnez ce blasphème par avance, mais bordel de Dieu, qui est l’abruti qui a pris le parti de croire qu’un type ordinaire, c’est un mannequin qui s’ignore ? Rien qu’à voir les tronches de premier de la classe à la mèche toujours longue, ou encore les trognes de « voyous » qui feraient soi-disant rêver les femmes, j’ai de quoi me dire « Merde, je dois être difforme, atrocement laid, enfin bref, un monstre ! ». Merci, la publicité, rien de tel pour me travailler le complexe en profondeur, ceci en lieu et place de mon cuir chevelu.

La publicité est un poison, c’est un opium pour celles et ceux qui ont besoin de consommer et de paraître pour se sentir exister. Dramatique, ridicule, il n’en demeure pas moins communément admis que l’on doit se conformer aux canons de la mode en vigueur. Dans ces conditions, je crois que je suis un paria, un de ces types qu’on aimerait enfermer quelque part, mais qu’on doit laisser en liberté, la faute d’avoir un jour mis la clé sous la porte des camps de concentration. Hé, les pourris en costume qui tentent de nous faire bouffer du shampoing par hectolitres, ça ne vous est pas venu à l’esprit que 99% de l’humanité ne ressemble pas à vos affiches ? Sans déconner, il m’est intolérable, et surtout impossible de ressembler un tant soit peu à ces « trucs » que vous osez qualifier « d’hommes ».

Et je ne parle même plus de la situation inacceptable des femmes sur ce terrain, tant on tente de leur fourguer des complexes anti-âge (allez gamine, va te déglinguer l’épiderme, dans dix ans, tu auras des rides, et tu consommeras nos crèmes bidon), des maquillages hypoallergéniques (ouép ma bonne dame, ça n’agresse pas la peau, ça ne fait que la marquer à vie), ou encore des parfums sans odeur ni senteur (là, je dis chapeau les mecs !). La publicité et les cosmétiques sont donc là, à vous attendre au tournant, juste pour vous faire les poches, la peau, les cheveux, puis vous faire vous morfondre, faute d’avoir atteint le niveau promis en filigrane par ces campagnes d’affichage.

Mais merde quoi ! Pourquoi je devrais leur ressembler d’abord ? Qu’ils viennent me le dire en face, au lieu de se réfugier derrière des bouts de papier et des marques à n’en plus finir. Là où cela devient ahurissant, c’est qu’en plus de vous vendre des saletés, les labos et autres entreprises du métier ont trouvé LA combine, le business à ne pas manquer : la cosmétique horaire. Vous ne voyez pas le concept ? « Baume de jour », « soin de nuit », « soin 24H », ça ne vous parle pas ? Il faudrait donc s’asperger la tronche de leurs tambouilles, mais cela toute la journée, quitte à ressembler à un mur venant tout juste d’être enduit. Je me demande même si les couches de baumes à la con ont le temps de sécher entre deux étalages. Colossal… j’imagine même l’acharné(e) qui, afin de ne rien louper, va jusqu’à se créer un agenda pour bien noter, heure par heure, quoi avaler, quoi se mettre sous le nez, quelle crème tartiner sur les cuisses et ainsi de suite. La gloire : vivre dépendant des cosmétiques. Faut le faire !

Quand le paraître devient plus important que l’être, il y a de quoi déprimer, mais aussi de jouer les résistants. Des crèmes ? Non merci, je ne les mange que brûlées. Des baumes ? J’ai une tronche à m’enduire le front de quoi que ce soit d’autre que de ma sueur, ou des baisers tendres de l’être aimé ? Des quoi ? Des soins pour mes cheveux ? Ils sont très bien comme ils sont, merci. J’en viendrais presque à me demander si, par hasard, ce ne serait justement pas l’excès d’usage de ces produits qui provoqueraient bien des problèmes de calvitie, d’allergies cutanées et j’en passe. Ce serait vicieux : vendre un produit comme étant un soin, en sachant qu’il fait des dégâts qu’on pourra, bien entendu, soigner par la suite. Redoutable, économiquement viable, et puis, dans l’absolu, il faut tenir le client par la bourse !

Enfin, je suis heureux de ne pas être une victime de ces cochonneries. Pourquoi ? Pour pouvoir me marrer en voyant un type sortir d’une parfumerie les bras chargés de boites diverses et variées, et l’imaginer s’interroger sur « La crème antirides, avant ou après la crème hydratante au beurre de karité ? ». J’en ris rien qu’en y songeant…

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