31 octobre 2011

Indignation « amusante »

C’est ma journée mauvaise langue aujourd’hui. Désolé, mais c’est comme le poil à gratter, cela me démangeait violemment de me payer la tête des indignés de Wall-Street, parce qu’ils sont, à mes yeux, l’exemple même de l’hypocrisie, de la mauvaise foi, et pire que tout, des moralisateurs de bas étage que je vomis à longueur de messages. Contrairement à nombre de médias et journaux complaisants avec l’attitude « contestataire » de ces fameux indignés, je suis fermement hilare et moqueur les concernant. Là, j’en entends déjà qui vont hurler (une fois de plus) que je suis méchant avec les actions courageuses, que je dénigre constamment les initiatives de ce genre, à tel point qu’on pourrait aisément me soupçonner d’être de connivence avec les boursicoteurs et autres escrocs de la finance. Et dire que je ne toucherai pas un cent pour mes propos, et que cela ne m’octroiera pas le moindre avantage avec ma banque… je dois être foncièrement idiot, non ?

Bon, revenons à nos chers indignés, et interrogeons nous sur leurs critiques. Sont-elles légitimes ? Le monde vient de boire un bouillon des plus infâme avec la crise financière, et ce n’est pas pour demain qu’on va arrêter de s’avaler des pilules amères. Oh, évidemment, on peut mettre en cause l’attitude plus que cavalière des banques, le carnage économique des investissements hasardeux, ou encore la légèreté déconcertante avec laquelle furent traités les problèmes de dettes des états. Alors, jusque là, manifester, hurler la colère contre les massacreurs de croissance et d’emploi, cela pourrait sembler logique, pour ne pas dire indispensable ! Le droit de grève, c’est effectivement prévu pour intervenir auprès des « puissants », et leur faire admettre qu’ils font potentiellement n’importe quoi. Au surplus, les cibles étant parmi les élus du peuple, il serait bon d’admettre que la rue pourrait avoir raison...

Mais ce serait oublier qu’il y a là une énorme hypocrisie ! Songeons un peu à « qui manifeste » et « pourquoi ils le font ». Le qui est déjà, en soi, un vrai souci : dans un pays comme les USA, il est de bon ton de consommer, de s’endetter, ceci parce que cela fait fonctionner l’économie. En effet, ce pays a pour fondamental de se traîner une énorme dette sur notre dos, et de se servir du dollar comme variable d’ajustement. Pourquoi sur notre dos ? Parce que si le cours du dollar fluctue, nous en payons le prix ! Nous sommes encore indexés sur cette monnaie pour nos énergies fossiles, et nous sommes donc, par voie de conséquence, directement impliqués dans le remboursement de la dette Américaine. Amusant, non ? Et là, c’est donc plutôt amusant d’entendre un type brailler « Je suis surendetté, je suis dans la mouise »… Hé, garçon, quand on joue avec le feu, on se brûle, non ? Ces mêmes indignés, quand ils vivaient confortablement gavés par les intérêts de la spéculation, quand ils touchaient une augmentation à travers le versement de primes salariales, se plaignaient-ils que l’économie de marché était la source de ces dits bénéfices ? Pas que je sache.

Je trouve d’un malsain qu’on puisse refuser de comprendre qu’on subit ce qu’on a cherché. On récolte ce qu’on sème, comme dit le dicton… Or, l’endettement des états, il est autant du côté des politiques qui font des budgets jamais à l’équilibre, que du côté des citoyens qui, mine de rien, ont des exigences ! C’est impressionnant de constater que nombre de personnes ne se rendent pas compte que tout se paye, que tout se finance, et que les caisses d’un état ne sont pas des puits sans fond. A partir de cette réflexion, que ce soit l’âge de la retraite, les remboursements de la sécurité sociale, ou encore les différentes aides sociales possibles et imaginables, tout est financé soit par les entrées d’argent (impôts et taxes), soit par de la dette (emprunts). Est-ce que vous, vous iriez sans arrêt vous endetter pour simplement faire en sorte que votre système survive ? Logiquement, non, sauf à vouloir aller droit au désastre. Et quand le désastre arrive, les gens se plaignent, critiquent l’austérité, et pleurent les acquis et autres avantages. Dommage, mais la fête est finie : quand on a plus de fric, on ne reste pas au comptoir du bistrot, on s’en va.

Les indignés de Wall-Street sont, à mes yeux, la pire engeance qui soit, parce qu’elle ne fait que représenter cette classe moyenne qui profitait sans vergogne du système. Maintenant que celui-ci est ruiné, c’est toujours la faute à quelqu’un d’autre. Quand Madoff a offert des taux d’intérêt mirobolants et délirants, qu’est-ce qu’a l’investisseur de base ? Il s’est jeté sur ces intérêts bien entendu ! Comme la martingale du casino, les porteurs ont pensé se faire beaucoup d’argent en peu de temps. Ni plus, ni moins. Et écouter ces spéculateurs pleurer leurs économies, cela a le don de me mettre en colère. Bizarrement, un type fait la manche, et demande une pièce pour vivre, peu de gens donnent… Par contre, un type en costume cravate se propose de vous faire gagner des millions en échange de vos économies, et là tout le monde signe. L’avarice, l’appât du gain, tôt ou tard, c’est sanctionné par une bonne grosse crise qui va bien. Et la crise actuelle, c’est notre incurie, notre inconséquence chronique de trois voire cinq décennies de course à l’argent. Et les indignés de Wall-Street ne sont pas les derniers à y avoir participé.

Qu’on ne nous prenne pas pour des imbéciles, c’est la seule exigence à laquelle je tienne réellement. A partir du moment où l’on nous dit non pas « ce qu’on veut entendre », mais « ce qu’on doit réellement entendre et comprendre », je serai capable de tolérer pas mal de restrictions. Par contre, voir les profiteurs d’hier devenir les pleureuses d’aujourd’hui, ça non. Où étaient leurs larmes pour l’esclavage moderne des Mexicains dans les fermes du sud ? Où étaient leurs cris pour les exploités en Chine ? Nulle part, bien entendu. Tant qu’on a le confort, on n’a pas de conscience…

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