24 février 2012

La ronde des politiques

Oh, je sais qu'il y a nombre de personnes qui me disent « mais, tu n'écris plus ! Qu'est-ce que tu glandes ?! ». Hé bien, c'est évident, je fais ce que toute personne à peu près normalement formatée par la société se doit de faire, à savoir travailler, passer mon temps à réfléchir et à trouver des solutions à des problèmes que je ne me serais jamais posé moi-même. De ce fait, mon emploi du temps de ministre m'impose de trop longues pauses éditoriales, à tel point que l'endroit semble être un pauvre désert ! Pourtant, détrompez-vous : j'aime écrire, et l'envie m'en prend aussi souvent que possible.

Donc, c'est en profitant d'une position crapuleuse où ma hiérarchie a l'excellente idée de perdre son temps en vaines tergiversations que je reprends la plume pour lâcher une chronique. D'ailleurs, l'actualité trouve, encore une fois, le moyen de me donner du blé à moudre pour faire de la farine d'idées. « Chouette ! », se dira alors l'affamé attendant ma becquée intellectuelle avec avidité, et « non… Merde… » celui qui honnira mon propos provocateur. Tant mieux, cela voudra simplement dire que j'interpelle, et c'est la raison même de l'existence de cette petite niche ô combien prétentieuse et souvent pédante.

Pourquoi un nom de baptême comme foutoir ? Difficile de porter un tel nom, et je ne vous explique pas (par charité) le potentiel sketch face à un officier d'état civil un tant soit peu lucide. Alors, cher lecteurs et lectrices, j'estime que le mot foutoir est le seul à concentrer tant l'aspect bordélique du monde, que sa visible absence de contrôle de la part des bestioles humaines que nous sommes. Au demeurant, nous nous torturons les neurones, nous déblatérons sans cesse que nous sommes évolués, que nous voulons réfléchir, analyser, bref tourner autour du pot au lieu de mettre dans le mille. Et ce n'est pas l'approche des élections présidentielles qui vont me contredire. Loin d'être face à un débat d'idées, d'opinions, nous assistons à un maelström inepte où chacun va de sa petite phrase supposée assassine, où l'on s'invective comme à la cour de récré à coups de « T'es le méchant », « Nan, c'est toi qui sait pas faire ! » ou encore « Z'êtes que des méchants, j'peux même pas me présenter ! ». Reconnaissez tout de même que l'élévation du débat est loin, bien loin des débats actuels, à tel point qu'il serait plus judicieux d'embaucher des juges de catch que de laisser ces débats à des journalistes. (Soit dit en passant : journaleux, apprenez votre boulot qui n'est pas de flatter l'ego des politiques, mais de les mettre dans l'embarras en posant les bonnes questions… A bon entendeur.)

C'est amusant, du moins de mon point de vue, que de compter les accrochages navrants qui émaillent les médias. Chacun lance la pierre à l'autre, avec pour fond de pensée celui d'insister sur le manque de lucidité de l'autre. On ne dit pas « C'est une mauvaise idée, parce que… », on dit juste « C'est débile ! ». Et quand c'est argumenté, on constate qu'on tombe immédiatement dans le populisme et la démagogie. Chacun espérait que ce serait le FN qui tiendrait ce rôle de trublion populiste, mais hélas, même les grosses légumes se jettent dans la bataille de la même manière. J'adore, parce que cela ne fait que vérifier un vieil adage « Quand on fait de la démagogie, faut pas s'étonner de ne pas parler à des flèches ». Alors, avec la bataille des chiffres, les statistiques agrémentées d'analyses plus ou moins douteuses, on n'a même plus le droit à du concret. « Du pain et les jeux du cirque », c'est donc ainsi que nous voient nos présidentiables, comme des Romains prompts à aimer plus l'affrontement que la cause initiale de celui-ci. Et je ne peux que leur donner raison, puisque nous, pauvres ignares, nous regardons le doigt au lieu de regarder la lune qu'il montre !

Maintenant, tout le jeu est de faire des hypothèses. Qui sera élu ? Est-ce que la fille Le Pen aura ses signatures ? L'élection changera-t-elle quoi que ce soit à la conjoncture actuelle ? A mon avis, toutes ces questions n'ont qu'une réponse évidente : on s'en fout ! Que Marine ait, ou pas, ses signatures, cela n'aura qu'un effet pervers durant le premier tour, à savoir : si elle est présente, elle pèsera lourd sur la droite, et si elle est absente, elle sera un handicap pour la gauche. La seconde question n'est pas moins importante, car après tout, de gauche comme de droite, diriger un état, c'est avant tout absorber les problèmes déjà présents, tout en tentant de ne pas en créer de nouveaux ! Quiconque croit que la révolution se fait à travers un changement de couleur politique perd de vue que l'élu doit gérer un budget, des gens qui resteront en place, et que ce n'est pas en décrétant « la crise est finie », que cette affirmation devient vérité. D'ailleurs, si c'était si simple, m'est avis que tout politique s'empresserait d'agir en ce sens. Quoique : je me dis souvent que la France aurait bien besoin qu'on la gave d'euphorisants médiatiques, sous la forme de pseudo bonnes nouvelles, ceci afin de rassurer monsieur tout le monde, afin de relancer la confiance en soi du français moyen. A force de coller la peur au premier rang, on n'apporte que de l'inquiétude. C'est à se demander si, finalement, on n'aimerait pas plus nous faire peur que nous donner confiance en nous. Et puis, si le peuple est en confiance, n'est-il pas prompt à critiquer, alors qu'un peuple qui est dans la crainte est tout aussi vif à choisir les messies…

Moi ? Qui je vais choisir ? Bonne question ! Probablement celui ou celle qui m'apparaîtra comme le moins tenté par la démagogie et la psychologie de comptoir. Vous voulez un nom ? Allez, réfléchissez, vous trouverez peut-être !

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