19 mars 2012

Je regarde les gens tomber

Il paraîtrait que nous sommes entourés de gens capables d’aller bien au-delà de leurs limites, d’être des exemples, donc en gros des représentants de ce qu’il y a de mieux dans l’humanité. Soit. Admettons. Je ne vais pas faire preuve de méchanceté gratuite, d’autant qu’il y a effectivement de véritables héros, qu’ils soient anonymes ou bien reconnus par chacun de nous. Ainsi, le pompier qui sauvera une vie au mépris de la sienne, comme Armstrong faisant l’andouille sur la lune méritent d’avoir le même piédestal, et, selon mes échelles de valeurs, j’irais même dire que celui dont on ne connaît pas le nom a finalement plus de mérites, puisqu’il s’agit d’un quotidien au service des autres.


Malgré cela, et bien que j’ai tenté une ouverture dans mon esprit borné, je n’arrive toujours pas à appréhender comme notre chère plèbe arrive encore à trouver des politiques séduisants, à les idolâtrer, au point d’aller gueuler à qui veut l’entendre «Un tel sauvera la France ! », ou encore « Votez X ! ». Désolé, mais quand ont tente de faire du prosélytisme sur du vent, quand on veut me faire avaler des couleuvres de la taille d’un câble de téléphérique, je renâcle. Déjà, mon estomac rechigne à digérer tout et n’importe quoi, ensuite mon esprit se veut un minimum critique, parce que je le vaux bien, et enfin et surtout, parce que je ne pense pas qu’on puisse me faire croire que la parole d’un politicien puisse devenir celle d’un évangile. Je veux bien croire que certains se sentent investis d’une mission, que les convictions sont profondes, mais de là à ce que j’admette qu’ils sont « touchés par la grâce »… Je n’ai pas plus confiance dans cette idée, que j’en ai dans les radicalismes pour réformer le monde.

Oh, je sais que je me fais des ennemis en lançant ce genre d’invectives. En effet, avec le « bien pensant » qui se faufile dans toutes les discussions, penser du mal d’un sauveur, c’est forcément être un fasciste, un malsain, un déviant, bref celui qui doit être embastillé d’urgence ! Dites, les bas de plafonds et autres restreints de la boîte à gamberge, vouloir censurer les opinions qui ne vous conviennent pas, ce n’est pas du fascisme justement ? De quelle autorité s’imposent-ils dans mes idées ? C’est beau la démocratie, surtout quand on la pratique à coups de censure dans la gueule ! En d’autres temps, on aurait parlé de matraque, maintenant on parle de manchettes de journaux et autres interviews menées par des serviteurs zélés. Autres médias, autres mœurs je suppose. Bref, je sais que plus proche sera la date buttoir des présidentielles, pire sera les tentatives lamentables de ramassage de voix et autres opinions favorables.

Tenez, les sondages sont particulièrement criants… de connerie. Les uns montent, les autres descendent, on s’entend (quand on n’a pas le ticket d’entrée des 500 signatures) pour refourguer son cheptel d’électeurs potentiels, ceci en échange de quelques faveurs en cas de victoires, et on se jette des briques ou des fleurs pour se dire tout l’amour qu’on se porte. Amusant, tant qu’on se contente de compter les points, mais bien moins quand on en arrive à s’interroger sur les thèmes de campagne. Hé, les guignols en costard, ça vous arrive de vous pencher non sur votre petit sort, mais sur le grand sort de la nation qui est supposée vous élire ? Déjà, au lieu de sortir des squelettes du placard, commencez par balayer devant vos portes ! Chaque politicien a nécessairement des dossiers sales, des poubelles pas vidées, et concrètement c’est la fonction même qui appelle à se salir les mains. Tous, nous en convenons et l’acceptons, du fait que l’humanité est aussi corrompue qu’elle peut se prétendre vertueuse. Par contre, abaisser le débat au niveau des fosses (qui me rendent sceptiques), c’est aller bien au-delà des seules batailles politiciennes, non ? Ceci dit, les sondages donnent raison à cet étalage de saleté, parce que les gens semblent être attirés plus par la démagogie que par le fond. Rien à cirer des problèmes, tant qu’un des types nous vend du bonheur et du progrès…

Ils me font tous penser à des représentants en aspirateurs, vendant de la puissance, du silence (social), tout en oubliant de préciser que l’engin se révèlera inefficace, nauséabond à force de pourrir dans un placard, et qu’il sera impossible ou presque de le remettre en marche en cas de panne. Gauche ou droite ? Radical, extrémiste, centriste ? Chacun aura un choix à faire. Là, ce qui m’ennuie, c’est que je connais déjà l’aspirateur, mais qu’en fait de nouvel engin, c’est juste le sac à poussière qu’on va changer. Hé oui : dans la situation où nous sommes, ne comptez pas sur le moindre candidat pour révolutionner la politique ou l’économie. Tout bon président se doit de profiter de la vague du progrès, ou d’éviter de couler avec le naufrage mondial. A force de lier le destin d’une nation à celui d’un monde visiblement lancé dans une course folle, nous ne pouvons plus compter sur eux pour refaire notre réputation ou notre économie. Pourquoi sac à poussière ? Parce qu’ils ne feront que ramasser les miettes de la réussite, ou bien tenter d’ingurgiter les débris d’une société pendant son effondrement.

A l’issue des élections, un seul élu sera à la tête de notre pays. Les autres dégringoleront temporairement les escaliers, et je les regarderai tomber avec amusement. Méchant ? Oui, je le suis parfois. Cruel ? Pas du tout, tant ces gens là sont habitués à se relever. L’orgueil est un excellent moteur pour ne jamais céder, et je crois qu’un politicien se doit d’être bouffi à force d’excès d’orgueil.

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