21 janvier 2013

Nos bouchers se lavent les mains

Je me demande si nous ne devrions pas nous interroger sur l'hygiène des mains qui se serrent dans les ministères, plus que de celles que nous empoignons quotidiennement. En effet, force est de constater qu'il y a certains bacilles qui supportent bien mieux les solutions désinfectantes que d'autres, et ceux notamment naissant sur les charniers du monde. Fondamentalement, j'en arrive même à me dire que les passionnés de politiques, les supporters de nos pointures du grand cirque médiatique devraient s'interroger sur où leurs idoles ont trempés leurs mains, plus que sur l'image qu'ils colportent. D'ailleurs, je n'ai de cesse de m'amuser et me moquer de celles et ceux qui se trimballent des posters idolâtres des icônes temporaires des politiciens volatiles. Prenons certains symboles. On a eu un Besancenot rouge écarlate, un Waechter vert fluo, et tous deux ont été placardés avec force... Et aujourd'hui ils sont presque redevenus des anonymes (surtout le second, notamment pour ceux qui ont moins de trente ans). Et dire qu'il y avait des masses bêlantes aux meetings de ces "tombés au champ d'honneur de la politique"!

Revenons donc à nos charcutiers moraux et physiques. Les mains sales? Ah ça, il faut savoir mouiller la chemise et se salir les mains pour obtenir un résultat en politique. A mes yeux, l'art de la diplomatie, ce n'est pas de cirer les pompes à nos amis Chinois, non, c'est de trouver le juste équilibre entre compromission et maintien d'une certaine dignité personnelle. C'est périlleux, et cela implique avant tout de choisir dans quel bourbier on doit patauger. Ce choix, c'est même l'acte fondateur de toute politique! "Vais-je m'embourber dans un conflit où mes citoyens se foutent royalement de savoir qui a raison", ou bien "Vais-je m'en exclure, puis passer ensuite pour un dégonflé fini". Entre les deux, point de bon choix, point de bonne idée. Savoir choisir, c'est ce qu'avait dit Churchill "C'est faire un choix entre deux mauvaises solutions". Et il avait raison.

Alors, pourquoi prétendre à rester propre et digne? Ne pas admettre qu'on souille le tapis et son idéal, c'est un peu comme croire qu'on peut se faire le tour de France sans s'envoyer des doses massives de cochonneries chimiques "interdites" (dixit L.Armstrong, pourfendeur de l'honnêteté vélocipédique). Actuellement, toutes les nations ayant une prétention de position active et viable parmi les grandes puissances se doivent d'agir à l'échelle mondiale, quitte à s'enliser dans des situations que d'aucuns (à savoir monsieur tout le monde) qualifieraient de merdiques. On défend la liberté? Allez, allons se faire du Taliban! On se doit de défendre une démocratie? Cognons sur de l'islamiste en goguette. On veut être forts, mais sans compter sur le coût humain. Et ça, la nation doit l'admettre: une guerre, ça fait saigner.

Alors, le boucher, où est-il? C'est le chef de guerre, le guignol hystérique ayant baptisé avec ironie sa milice avec un bout de "liberté" dedans, ou bien le chef d'état qui sait bien qu'envoyer des troupes éliminera temporairement le problème, tout en générant d'autres désastres plus discrets? Difficile à présumer, tant le jeu des influences, des intérêts, et donc surtout de l'argent se font la part belle dans le passage de nos hélicoptères au-dessus des déserts arides du monde. Vendeurs d'armes, fournisseurs de matériel, puis ensuite exploiteurs de la terre d'Afrique sont tous d'accord pour que la France intervienne partout, surtout là où ça peut leur rapporter un maximum! En comptant le prix d'une roquette à l'unité , qui peut aller bien au-delà des 15.000 Euros l'unité, pour peu que le produit soit sophistiqué, une bonne roquette est donc une roquette plantée dans une jeep (qu'on leur aura vendu à ces salauds de rebelles, tant qu'à faire!). Cynisme? A n'en pas douter. Lucidité? Allez savoir, je ne fais pas un cent sur ces ventes.

Alors quoi, je suis contre l'intervention Française au Mali? Mais c'est tout le contraire, et ce sans la moindre ironie pour une fois. Déjà, souvenons-nous qu'il y a là une opportunité pour que la France puisse montrer qu'elle peut soutenir un état Africain sans pour autant compter lui faire les poches dans la foulée. En plus, j'estime comme indispensable d'intervenir, rien que pour démontrer aux terroristes de tous les bords qu'il y a quand même des limites à la folie. Et puis, et surtout, je suis convaincu qu'il faut absolument matraquer ces groupuscules de malades qui, loin de se préoccuper du sort des populations, se préoccupent avant tout du pouvoir qu'ils détiendront dans les zones occupées. N'allez pas croire que ce soit l'Islam qui est en cause. Je suis convaincu que le problème est à centrer avant tout sur l'usage d'une doctrine religieuse pour la changer en doctrine politique. Que défendent ces gens? L'Islam? N'est-ce pas prétentieux? Je crois surtout qu'ils défendent leur propre main mise sur des populations, et ce par la foi et par les armes. Possédez un peuple par l'âme et le corps, et vous le posséderez intégralement.

Dans ces conditions, je n'ai qu'un seul regret, c'est qu'une fois de plus les libéraux, anti guerre et j'en foutre de la politique vont critiquer l'action militaire Française, et ce dès que les premiers morts reviendront dans des cercueils scellés. A eux tous je dis en substance "merde", parce qu'ils oublient que ces types, ces soldats, ils se battent non pas pour une politique, mais pour "nous". Oui, vous avez bien lus. Nous. Tous. Nous autres citoyens trop aisément réfugiés derrière notre télévision pour porter un jugement hâtif sur des choses que nous ne comprenons que trop mal. Et tout ça parce que certains parleront du coût économique, d'autres parleront de paix mondiale (sans avoir pris soin de comprendre que l'Homme voue une passion pour le pouvoir... et donc pour la guerre), et que les derniers, les pires, auront la lâcheté de croire qu'en ne regardant pas, on ne voit pas les problèmes. Ces derniers me révoltent tout particulièrement, car ils sont l'archétype même de celles et ceux qui collaborent avec les despotes, et ce par une passivité à peine niée.

Alors, évidemment, un type de "gauche" qui fait la guerre, ça fait mauvais genre. En plus, notre président n'a pas la dégaine d'un chef de guerre. N'est pas De Gaulle ou Staline qui veut! Cependant, acceptons quand même de lui dire (même si ça me coûte) "Merci", et un grand "Bonne chance les gars" à nos troupes.

Soyez patriotes: soyez critiques, mais soutenez nos soldats.

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