15 février 2013

Hommes femmes sans mode d'emploi

Pas de sensationnalisme, pas plus que de commentaires directs sur cette information relayée par yahoo.


Un père désespéré se place sur une grue pour se faire entendre

La raison qui me pousse à parler de cette situation, c'est avant tout une réflexion plus profonde sur notre société. Moderne? J'ai quelques doutes. Juste? Je suis encore moins convaincu. Respectueuse de l'équité? Là, permettez moi de considérer ce propos comme une insulte. Je ne préjuge ni de la situation de cet homme, puisque je ne sais rien ni sur le fond ni sur la forme. Ce que je vois, c'est un combat, un homme qui veut pouvoir voir son fils, et qui, faute d'être entendu, en arrive à se mettre en scène sur une grue, pour que les médias toujours avides de glauque et de tristesse puissent dévorer son histoire.

Je suis triste, pas tant pour lui que pour celles et ceux qui ont à vivre la rupture et la guerre que représente la garde des enfants. J'entends déjà les bons gros moralisateurs me parler d'amour, du "le divorce n'arrive pas quand on s'aime vraiment" et j'en passe. Allez au diable. L'amour, c'est une chose, vivre le quotidien, l'usure, la déception, bref la Vie au sens large du terme en est une autre bien plus complexe et difficile à appréhender. Mariés trop tôt, par la force des choses, parce que l'entourage pensait que "c'est normal qu'ils fassent des enfants, ils sont ensemble depuis si longtemps...". Désolé, mais ça ne marche pas comme ça. La Vie, il faut la supporter, chaque jour, et parfois cela ne fonctionne pas aussi bien qu'on le voudrait. Alors, les détenteurs de la Vérité sur le couple, faites moi plaisir: regardez vous dans la glace, demandez vous pourquoi vous restez avec votre conjoint que vous ne pouvez plus voir en peinture, puis revenez m'expliquer votre motivation. J'ai dans l'idée qu'il y aura dans le discours une bonne dose de morale religieuse, une large part de "qu'en dira-t-on" et quelques kilos de "Et les gosses dans tout ça?".

Je disais plus haut que je considère le mot équité comme une insulte dans notre système. Je le maintiens, c'est un outrage à mon esprit, moi qui suis légaliste pardessus tout je n'arrive pas à saisir en quoi notre société est équitable. Parité hommes/femmes? Pourquoi devrait-on coller des quotas? Après tout, chacun devrait choisir sa voie, et si les femmes ou les hommes n'aiment pas spécialement une carrière, en quoi serait-ce équitable d'imposer un pourcentage de tel ou tel sexe? C'est d'une absurdité sans nom, et si c'est pour mettre des imbéciles ou des incompétents afin de respecter les dits quotas, autant les supprimer d'emblée. Et puis quoi, que ce soit en politique, dans une nurserie, dans un bar ou aux commandes d'un avion, je ne définis pas la compétence par un sexe, mais uniquement par la capacité de chacun à prendre la chose en charge.

Malheureusement, nos lois et notre culture ont une toute autre lecture de cela. Droit de garde? Un père sera rarement privilégié. Agression, viol? Une femme sera souvent traitée comme étant une affabulatrice, et même accusée d'avoir provoquée la violence. Respect hiérarchique? Salaires? Position sociale? Grade dans l'armée? Responsabilité politique? Bordel, pourquoi au cas par cas un homme ou une femme serait avantagé? Quelle idée saugrenue! Une famille monoparentale n'est pas moins difficile quand c'est une femme, pas plus qu'un officier est meilleur quand il ne porte pas de jupe. C'est en ça que je trouve insultant la notion d'équité, car elle est globalement à géométrie très variable.

Ce père est le symbole même de l'imbécillité de notre système. Automatique, intraitable, se moquant des faits, sans recours ou presque, c'est finalement par un acte désespéré et médiatisé qu'on se décide à reparler des pères déboutés du droit de garde. A-t-il fauté? Peut-être. Est-il responsable de la dislocation de son couple? Qui sait? Ce que je sais, c'est qu'être con avec son épouse ne rend pas nécessairement con avec son gosse. Alors, un peu de respect pour tout le monde ne serait pas une chose à obtenir? Pourquoi parler de fraternité dans notre devise alors?

j'accepterai le terme équité le jour où, tout naturellement, une femme sera payée le même salaire qu'un homme à compétence égale. J'accepterai ce mot le jour où un homme et une femme seront traités avec le même respect devant les tribunaux. Je prendrai en compte cette idée le jour où je pourrai affirmer sans me sentir comme un menteur éhonté "Une femme a le droit au même respect qu'un homme".

Je ne peux pas penser que les femmes sont mieux loties que les hommes.... Mais je ne peux pas plus tolérer qu'on puisse spolier un père de son droit à être père correctement et dignement. A nous tous de trouver une façon de gérer, au cas par cas, les divorces, les séparations, afin que les pères qui veulent assumer ce rôle si difficile ne soient plus traités en "t'as donné que la graine, je me suis tapé tout le boulot ensuite".

Enfin, juste pour rebondir sur les salaires des femmes. Nombre de gros cons (oui, c'est le mot, faute de plus poli à caser ici) tentent vainement de m'expliquer qu'une femme coûte à la société quand elle garde ses gosses, qu'elle n'est pas productive quand elle s'arrête lors de la grossesse. Allez... je me lâche... CONNARDS. Sans gamin, vous la faites tourner comment, votre société? Comment vous l'envisagez, votre avenir et votre retraite sans mômes pour les nouvelles générations? Ce que nous payons maintenant pour les enfants, c'est ce qu'ils rendent ensuite en travaillant. Mais comme ces messieurs, trop contents et pressés de regarder aujourd'hui au lieu de voir demain, se contentent de tenir les comptes du moment, je leur redis: vous êtes des connards, et je serais franchement ravi que vos gosses puissent un jour vous dire "tu me coûtes cher papa! Je dois payer ta retraite, tes médicaments... crève donc, ça me coûtera moins cher!".

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